Archéologie d’archives familiales cinématographiques

A Reims, témoignages de la révolution industrielle et culturelle du début XXe siècle : matériels et produits pour les amateurs, leurs loisirs et leurs voyages ; la politique commerciale de Charles Lumière et des sociétés Pathé
La Fontaine Subé, avec le tramway des années 20, filmée par Fernand Brunessaux (1884-1937)

Ce film court numérisé a été mis en ligne, sans contexte plus précis, sur Youtube le 12 février 2012, à partir d’une cartouche Pathé-Baby, 9,5 mm d’une minute montée en double. Les cartouches Pathé-Baby et des bobines 16 mm avaient été stockées par une petite-fille depuis un déménagement en 1998.

Grâce à la création, depuis 2002, d’un site généalogique et familial en ligne, ces films et d’autres archives, en particulier photographiques (négatifs Eljy, diapos Kodachromes, etc.) sont redécouvertes et exploitées pour l’illustrer par Véronique Valette-Bourquin, Eric et Claire Brunessaux (petite-fille et arrières-petits-enfants de Fernand). Les 85 cartouches Pathé-Baby conservées ont été, en grande partie, numérisées par projection chez Bruno Devert (Photo-Devert Reims)

Au sujet de la datation et de la localisation du film tourné par Fernand Brunessaux (peut-être pour essayer sa toute nouvelle caméra…) les indices sont les suivant :

  • étiquette d’époque « Place d’Erlon » mais sans date, les numéros d’autres étiquettes doivent correspondre à des envois par les PTT pour le développement chez Pathé
  • la première caméra mise en vente date de 1923 ; on sait que F. Brunessaux a tourné un film 9,5 mm en Bretagne à Concarneau dès cette année et qu’il a tourné un film avec une caméra 16 mm en 1931 : voyage en Italie

Il y a une forte chance que ce film sur la Fontaine Subé ait bien été tourné dès 1923, c’est l’hypothèse à vérifier, si possible, par des détails du sujet filmé…

La localisation et l’angle de prise de vue ne posent pas de problème : Fernand Brunessaux s’est positionné à l’angle nord-est de la rue de l’Étape et de la place d’Erlon, à l’endroit de l’actuelle pharmacie. Voir aussi la carte postale prise de haut, pas très loin de l’angle de la place.

Au début du film on remarque, à gauche de la fontaine Subé, l’espace vide non encore reconstruit dans l’alignement des façades sud-ouest de la place ; il s’agit, en particulier, de l’emplacement du « restaurant-café de La Paix ». On sait que l’hôtel de la Paix avait obtenu un permis de construire en août 1925 avant d’être transformé une première fois par B. Fouqueray en 1964, puis à nouveau dans les années 2000… ; on voit bien, sur la carte postale verticale, l’installation provisoire d’avant 1925 ; voir aussi, hasard documentaire, le panneau photographique du premier cabanon dans les ruines en 1919 (travaux actuels de rénovation, février 2012)

Sur une carte postale prise de la rue de l’Etape et sur une autre plus récente vue de l’axe nord de la place d’Erlon on visualise l’ensemble du carrefour de la Fontaine Subé et le virage du tramway ; sur un plan d’avril 1926 on retrouve ce carrefour et l’organisation des voies vers la gare et la rue de Courcelle. Dans le film de Fernand Brunessaux, les voitures du tramway semblent bien être celles d’avant la guerre de 14-18 alors que sur la dernière carte-postale, circule une voiture de tram d’après 1926.
Pour plus de renseignements sur le tramway à Reims d’avant et d’après la première guerre et sur celui d’aujour’hui, le mieux est de consulter l’ouvrage collectif édité par le CRDP de Reims en 2011, 170 pages et un DVD (H. Carrière, M. Royer, P-D Toupance, le Tramway à Reims, une image de la modernité)

Dans le coté droit du film on voit vraisemblablement des poteaux télégraphiques et/ou électriques provisoires ainsi qu’un jeune arbre (voir aussi dans l’angle gauche de la carte postale verticale) : la question de la date de la plantation des arbres de la place et celle de l’age de l’arbre actuel à l’angle nord-est, près de la pharmacie, resterait à développer…

Quant aux voitures et autres véhicules circulant dans le film de F. Brunessaux…… si un visiteur du site peut les identifier, qu’il n’hésite pas à laisser un message : contact(arobas)reims-histoire-archeologie.com

Première contribution :

  • en haut : La Citroën Type C, parfois connue également sous le nom de Citroën 5HP, est le second modèle d’automobile conçu par André Citroën, et commercialisé par Citroën entre 1922 et 1926. Elle est par ailleurs la première voiture fabriquée en grand nombre. La première couleur dans laquelle elle est proposée est le jaune, ce qui lui vaut le premier surnom de « petite citron ».
  • en bas : la Ford T : La Ford T (surnommée Tin Lizzie ou Flivver aux États-Unis) est une automobile produite par la Ford Motor Company de Henry Ford entre 1908 et 1927. Pour beaucoup, la Ford T fait de 1908 l’année historique où l’automobile entre dans la grande série (aux États-Unis).

Merci aux amis d Éric Brunessaux, membres De l’Association Véhicules d’Époque de l’Automobile Club de Champagne

Témoignage rémois de l’évolution du cinéma des amateurs entre 1923 et 1937 :
les films et les voyages de Fernand Brunessaux, le matériel et l’industrie cinématographique

Photos du projecteur de Fernand Brunessaux qu’il a dû acheter dès sa mise en vente par la Société du Pathé-Baby à noël 1922 ; un catalogue de films courts à acheter ou à louer existait dès le lancement ; à partir de 1925 des petits films d’actualité étaient aussi distribués pour les possesseurs de projecteurs deux fois par mois par Pathé : on n’a pas retrouvé de tels films dans les archives de F. Brunessaux qui ne s’intéressait peut-être qu’à la prise de vue

En 1931, lors d’un voyage vers l’Italie (Suisse-Dolomites-Venise-Milan), F. Brunessaux aurait tourné son premier film en 16 mm muet à double perforation mais on ne sait pas avec quelle caméra : peut-être une Pathé Webo ou Lido 16 mm… qui sont une évolution des caméras Pathé-Baby-Continsouza 9,5 pour profiter de l’innovation d’un nouveau format amateur que Kodak avait lancé en 1923 avec aussi une caméra américaine…

16 mm

C’est Charles Pathé qui avait vendu à Eastman-Kodak, peu avant, son usine parisienne de fabrication de films vierges (pour le cinéma artistique professionnel) ; dans le but de s’intéresser plus au cinéma d’amateur et à la diffusion des films : par exemple la société Pathé-Rural, pour les tournées et séances dans les villages

Entre 1931 et 1937, Fernand Brunessaux a continué à filmer ses nombreux voyages dont restent les bobines suivantes : Cap Nord 1932 ; Sahara 1934 ; Italie 1935 ; Espagne, Maroc, Algérie, Tunisie 1936.

Notice terminée mars 2012 © Rha

 

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